Que retenir du Sommet Mondial de l’IA qui vient de se dérouler à New Delhi ? Le président d'Ekitia, Bertrand Monthubert, qui y a assisté, dresse une synthèse en quelques points en tant que nouveau co-président du groupe de travail sur la gouvernance de la donnée.

1️⃣ Après 3 ans d’existence, et alors que de nombreuses institutions internationales se préoccupent d’IA, les 29 Etats-membres ont déclaré « réaffirmer notre volonté de renforcer l'identité indépendante et unique du GPAI en tant qu'initiative multilatérale clé pour des approches pratiques visant à promouvoir le développement, le déploiement et l'utilisation de l'IA en toute confiance » (déclaration ministérielle du 13 décembre 2023).

Les atouts du GPAI ?

  • Il rassemble des experts de l’IA et des représentants des Etats
  • Il fait le pont entre la théorie et la pratique : capable aussi bien de construire des frameworks théoriques que des outils pratiques à destination des PME
  • C’est « une initiative multipartite diversifiée et inclusive » qui compte 29 Etats membres, du Mexique à la Pologne, des Etats-Unis au Sénégal, en passant bien sûr par le Canada et la France qui en ont été les initiateurs.
  • Ces Etats-membres soulignent « le rôle central du GPAI dans la résolution des problèmes contemporains liés à l'IA, y compris l'IA générative, par le biais de projets d'IA appliquée visant à résoudre des problèmes sociétaux et à relever des défis mondiaux, en maximisant les avantages et en atténuant les risques associés. » (déclaration ministérielle du 13 décembre 2023)

Le ministre délégué au numérique Jean-Noël Barrot a exprimé son souhait de relever l’ambition politique du PMIA en faisant de l’initiative l’organe multilatéral de référence sur la gouvernance internationale de l’intelligence artificielle.

 

2️⃣ L’Inde, pays hôte du sommet, a montré un engagement très fort dans ce sommet : ouvert par le Premier Ministre Modi en personne, accompagné de nombreux ministres, ce sont des centaines de spécialistes indiens de l’IA qui ont participé aux travaux. L’implication de l’Inde a notamment poussé à mettre au premier plan les thématiques de l’agriculture durable, du multi-linguisme, de l’accès équitable aux ressources d’IA. Des programmes d’équipement de fermiers indiens avec des applications d’IA pour régénérer les écosystèmes, améliorer la capacité à lutter contre le changement climatique et à s’y adapter, sont déjà lancés. Cela représentera une orientation importante pour les projets du GPAI.

3️⃣ Les 4 groupes de travail du GPAI ont rendu compte des travaux des 125 experts mondiaux.

  • Des outils concrets ont été créés, comme la plateforme de mise en relation entre PME et fournisseurs de solutions d’IA pour faciliter la transition numérique, avec de premières expérimentations en Pologne et bientôt en Ile de France grâce au Hub France IA.
  • Autre outil concret, l’outil de maturité des organisations concernant le niveau de maîtrise du cadre de confiance en matière de données.
  • La plateforme d’observation de l’IA au travail dont Yann Ferguson est co-porteur, étend ses travaux au Japon, à la France et à l’Amérique latine.
  • La stratégie de l’IA responsable pour l’environnement a livré de nouveaux travaux sur la manière dont l’IA peut aider dans la lutte contre le changement climatique
  • Une expérimentation à Singapour conduite par Shameek Kundu a montré que les technologies de renforcement de la confidentialité fournissent de très bons résultats pour opérer sur des données sensibles (en l’occurrence, liées à la COVID-19) tout en préservant la vie privée
  • De premiers travaux sur le rôle des gouvernements en tant que fournisseurs de données utiles à l’IA ont été conduits en Afrique grâce à Research ICT Africa

Retrouvez tous ces travaux, et beaucoup d’autres, sur le site du GPAI : https://gpai.ai/projects/

 

4️⃣Le Research symposium, nouveauté de ce sommet, a permis à 11 équipes sur plus de 150 postulants de présenter leurs travaux, dont Anthéa Sérafin et Lisa Fériol, chercheuses associées au CERPOP – Université Toulouse 3 Paul Sabatier et INSERM, et collaboratrices d’Ekitia, et moi-même, membre de l’Institut de Mathématiques de Toulouse, sur le sujet : « Actionable Ethics : From philosophical principles to operational initiatives for responsible AI projects in public sector in the French context ».

Vous pouvez retrouver le replay ici : https://youtu.be/ozXSIEYHLtA et l'abstract de l'article, en attendant la publication de la version complète, ici : https://ekitia.netexplorer.pro/dl/Ulb_F6NE9SQgbKEU6Ci7iSpgEiticm

 

5️⃣J’ai animé une session consacrée aux Data Spaces (espaces communs de données) qui a permis de montrer l’importance de ce concept et comment Ekitia travaille à sa déclinaison opérationnelle au niveau territorial. Avec la participation de Gianfranco Cecconi, Chief Solutions Officer de l’International Data Spaces Association et de Marko Turpeinen, CEO & Founder de 1001 Lakes. Gianfranco a présenté le concept de data space et les premiers exemples européens. Un data space regroupe des membres de confiance qui utilisent les mêmes termes de gouvernance et les mêmes normes technologiques pour le partage des données au sein d’un ou de plusieurs écosystèmes verticaux. Marko a expliqué le concept du Rulebook, le « livre de règles », qui permet d’articuler les règle d’un data space, et j’ai pu présenter la démarche adoptée par Ekitia pour créer un livre de règle au niveau territorial, avec comme fondement un ensemble de règles éthiques. Ces règles sont ensuite déclinées en règles au niveau légal, gestion de données, modèle économique,  technologies, sécurité.

 

6️⃣Un moment émouvant : après 3 années de travail intense, les co-présidentes du groupe de travail sur la gouvernance des données, Maja Bogataj et Jeni Tennison, ont choisi de passer le relais. Shameek Kundu et moi-même devenons les nouveaux co-présidents. Nous avons remercié Jeni et Maja pour leur engagement, qui a permis de guider des travaux importants dans cette phase de création du GPAI. Nous les poursuivrons, avec une attention particulière pour la dissémination des résultats et la création d’outils opérationnels mobilisables par les acteurs de la donnée aux différents niveaux.

 

7️⃣Car les travaux du GPAI n’ont pas encore la visibilité suffisante. Le GPAI a vocation à être le GIEC de l’IA, nous avons sans doute à nous inspirer de l’expérience du GIEC pour améliorer la dissémination de nos travaux. Cela passe par de nouvelles formes de livrables, au-delà des rapports qui sont riches mais aussi souvent arides. Plusieurs initiatives ont déjà été prises, en créant des outils, des flyers, des affiches, qu’il faudra continuer.  Des actions à l’échelle des différents pays sont aussi nécessaires, et il faut y réfléchir pour la France.

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